Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/162

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expliquer ce trouble inconnu qui saisit à la première vue, et cette constance éter­nelle qui nourrit sans espérance un amour allumé ? Il n'y croit pas à cette cons­tance dont j'ai oui citer tant d'exemples; y croyez-vous vous-même ? Croyez-vous à cette force incompréhensible de' l'amour qui, parmi mille phrases insignifiantes, fait distinguer à un amanl celle qui est écrite pour lui, et qui, lui faisant prêter l'oreille à cette voix presque insensible qui s'élève des autres, et que lui seul peut sentir, lui peint tous les tourments de l'objet qui l'aime, et lui rappelle que de lui seul peut venir la consolation ?

Il me semble qu'Helvétius ne peut ex­pliquer ces sentiments, ni mille autres semblables. Je voudrais pour beaucoup que vous eussiez lu cet ouvrage, qui me semble vraiment extraordinaire. Si cela est, dites-m'en, je vous prie, votre sentiment au long.

Je suis allé à Grenoble dans le temps des élections \ pour voir un peu dans la nature ces assemblées si vantées dans les

1. 1« collège électoral du département de l'Isère, convoqué par arrêté du 25 vendémiaire, se réunit le 27 brumaire an XII Ï19 novembre 1803) dans une des salles de l'Ecole Centrale pour nommer deux candidats au Sénat conservateur, les deux candidats nommés furent les citoyens Clary, membre du corps législatif, etDitbouehag<s préfet des Alpes-Mirî-timea.