Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/182

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été, d'Alexandre le Grand, et du dernier bourgeois se ressemblent en ce qu'elles sont un mélange de quelques jouissances vives et de nombreux moments où, si l'homme est sage, il est heureux ; s'il ne l'est pas, il s'ennuie et est malheureux. \t L'ennui n'est pardonnable qu'à ton âge, où l'on n'a pas encore appris à l'éviter ; plus tard, l'homme qui s'ennuie est un sot à charge aux autres, et par conséquent, fui de tout le monde.

Ayez une once d'ennui aujourd'hui, vos voisins s'en aperçoivent ils vous fuient ; le lendemain, vous en avez une livre ; le surlendemain, deux, et peu à peu vous devenez stupide.

J'ai passé par tous ces états-là.

Les hommes ont diverses ressources contre l'ennui :

D'abord, il faut remuer le corps quand on est ennuyé, c'est là le moyen le plus sûr. Je montais donc souvent à cheval ; je cherchais à me rendre témoin dans les duels, à me passionner enfin ; avec les passions, on ne s'ennuie jamais ; sans elles, on est stupide.

Mais ce principe a besoin d'être bien expliqué : là-dessus, le charmant auteur de Valérie1 dit une chose bien vraie  :

1. Valent, roman aatoblograpMaue de Mm" de Krudener, avait paru en 1803.