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62. — A A SA SŒUR PAULINE

[Juin] 1804.

Ma chère petite, il y a bien longtemps que je ne t'ai écrit.Comment cela va-t-il ? Es-tu toujours ennuyée? Tu n'aurais pas, à coup sûr, cet ennui, si tu connaissais un peu plus de monde. Ma bonne Pauline, lorsque, sans nous perdre, nous ne pouvons pas changer de position, il faut rester où nous sommes, et, une fois bien convaincus qu'il y faut rester, chercher à nous la rendre le plus suppor­table possible, à nous y amuser même.

Le sacrifice n'est pas si grand que tu le penses ; toute position a ses peines : tu désires sans doute être à Paris avec la famille, lancée dans le monde, mais ici. il n'y a point de famille : une mère, un père ne sont point gênants pour leurs enfants ; mais aussi ils ne les aiment point ; tout est de convention.

Je parlais l'autre jour de M. R... à un des amis de cet excellent homme, un de ceux qui l'aimaient le plus ; il lui avait beaucoup d'obligations ; en un mot, il le chérissait. Nous vinmes à parler du deuil :