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71. — A

A SA SŒUR PAULINE

3 Fructidor an XII. [Mardi, SI Août 1804.]

J'aurais bien besoin de toi ici, ma chère Pauline : il y a des moments » où l'âme, dégoûtée du travail, cherche à aimer, s'attache de plus en plus aux objets de son affection, se renferme dans eux et voudrait pour tout au monde être auprès d'eux. Je suis, depuis plu­sieurs jours, dans cet accès de sentiment qui ne revient que trop souvent pour mon bonheur. Tant que l'âme est froide ou médiocrement agjtée, Paris est la ville du bonheur ; mais, dès qu'elle redevient tendre, je regrette Grenoble, tout ennuyeux qu'il est. Que ne puis-je te voir ici avec une autre personne ! que mon bonheur serait grand de pouvoir passer la soirée au milieu de vous, loin de toutes les in­trigues et de tous soins du monde ! que ne puis-je réunir autour de moi une fa­mille comme je conçois qu'il en peut exister. Je crains bien que nous n'ayons pas cette jouissance de toute notre jeu­nesse ;^aussi nous passerons le temps