Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le grand monde, avant 2 ans tu brûlerais de trouver un homme aimable. Tu le dési­rerais tant que tu finirais par te persuader (comme Mary Wollstonecraft Godwin, an­glaise célèbre) que tu l'as trouvé, et il n'en serait rien. Ce serait tout bonnement un gredin. A force de désirer une chose dans ce genre où l'illusion est si facile, on finit par se persuader qu'elle est. El l'irrépa­rable faute de s'être trompée éloigne à jamais le pouvoir d'avoir un époux digne de soi.

Songe à cette vérité : qui voudrait, même en étant amoureux, épouser une fille qui se serait sauvée de chez ses parents?

Je suis l'homme le plus dépourvu de préjugés que j'aie rencontré, et je t'assure que je ne le ferais pas. Si je l'aimais, je la rouerais, et puis la planterais là.

Songe que dans le monde, tu ne trouveras pas 2Cf âmes qui comprennent la tienne ; que moi qui ai fait 20 fois plus d'expé­riences que tu n'en pourrais jamais faire, je n'en ai pas trouvé 4. Remarque ce nombre. Une d'elles est Mlle Victorine Bigillion1 qui vient de faire exactement ce que tu voudrais. Elle a vécu solitaire à Saint-IsmierE, cela a augmenté la force

1. 8œur de deux oa.man.des d'Henri Beyle à l'Ecole cen­trale et avec qui dans sa jeuneMP, il pis«a de charmantes heure» d'intimité. Cf. la Vit d'Benri Brulard.

2. Village dans la vallée de Grcalvaudan.