Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/282

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plantes rares, destinée par la nature à avoir un caractère décidé. Celui-ci est aimable naturellement et quoi que le sort fasse pour l'en empêcher, il a été quatre ans négociant à Marseille et n'y a point pris la grossièreté provençale ; il est établi à Grenoble rue J.-J.-Rousseau, chez M. Rfeybaud], et n'a point pris le ton pesamment moral ou gros farceur des petites villes ; il ne sent rien trop vive­ment et tourne tout à la gaieté ; avec cela, on aperçoit dans les intervalles de ses rires un bon cœur et qu'il est tel qu'il se montre. C'est là ce naturel sans lequel on ne plaît jamais vivement et avec lequel on est presque sâr de plaire. Nous naissons tous originaux : nous plairions tous par cette originalité même, si nous ne nous donnions des peines infinies pour devenir copies et fades copies : il faut être un Moié pour sa­voir représenter un caractère à faire illusion :

Le faux est toujours fade, ennuyeux, languissant, Mais la nature est vraie et d'abord on la sent.

Cherche la neuvième épitre de Boileau, où cet homme judicieux développe très bien cette grande vérité.

Nous nous trouvons sept au perron : P[enet], Mfante], Dfupuy]1, jeune voyageur

1. Sur ee déjeuner au Mais-Royal on comultera le Journal & la date du 28 octobre.