Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/297

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savais t'y trouver, et, avec toi, la liberté ; car, après toi, ce que j'aime le mieux, c'est la vallée du Grésivaudan ; ce nom est baroque, mais cela n'empêche pas que je l'aime. Au lieu de ce divin bonheur que nous concevons trop bien et dont nous voyons trop bien les douceurs sublimes pour ne pas savoir nous le procurer un jour, je te trouverai dolente, je me trouve­rai esclave et sans le sou, de manière à faire prendre les tristes actions, suite do ma pauvreté, pour des défauts de carac­tère. Voilà la différence ; mais il ne tient qu'à nous d'y faire venir la ressemblance. Ayons l'âme assez forte pour chercher le bonheur même dans ce gouffre. Si tu veux, et si ces braves gens le souffrent et n'y voient point quelque impiété, nous ferons ensemble des cours de quatre ou cinq sciences différentes ; à ce mot de science, je te vois bâiller ; mais songe qu'à Gre­noble le père D[uoros] est un savant, et qu'ici ce ne serait qu'une fichue bête, et un détestable ennuyeux qu'on laisserait aux laquais.

La solitude et l'ennui où tu te trouves seraient l'état le plus heureux pour toi, si tu avais assez vu le monde pour te con­vaincre, par ia propre expérience, seule chose que nous croyons, que plus on a l'esprit cultivé, plus on est susceptible de