Aller au contenu

Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

haïssent si fort les bons raisonneurs. Les filous fuient les réverbères. Les lois, qui sont les réverbères, ne pouvant pas pré­voir tous les cas, éclairer tous les recoins, c'est à nous à nous munir d'une bonne lanterne. Pour cela, apprenons à ne faire que de bons raisonnements.

Idéologie. — Qu'est-ce que penser ?

Tu penses, tu le dis à chaque instant ; mais as-tu examiné ce que tu fais en pen­sant ? je crois que non. Tu sens, ma chère amie, tu ne fais que cela. Penser est sentir ; mais tu me diras ; « Qu'est-ce que sentir ? » Approche ton doigt de la flamme de la bougie, tu sentiras la chaleur ; en-îonce-le dans de l'eau à demi glacée, tu sen­tiras le froid. Voilà ce que c'est que sentir. Nous sentons ces effets ; le comment per­sonne ne le sait.

Mais nous pouvons prouver que pen­ser n'est que sentir.

1. Quand je dis: Ce vin est rouge, je sens que la qualité de rouge convient, à ce vin. Il ne s'agit pas ici de rechercher si j'ai raison ou tort, ni d'où peut venir mon erreur ; nous verrons cela dans la der­nière partie de l'idéologie. Penser, ici, est apercevoir un rapport de convenance entre les idées de vin et déroute. C'est sen­tir un rapport.

2. Tu dis : Je pense â notre promenade