Je chantais cette chanson ce matin, lorsque mon tailleur est venu, pour la dixième fois, me demander un acompte ; je lui ai dit : « Fiez-vous, fiez-vous aux vains discours des hommes, » etc., etc.
Dis-moi donc où en est cette affaire, dis à mon père que, s'il veut m'accorder une avance, el'e ne saurait mieux venir. Mon oncle ne vient-il point à Grenoble ? Ma dernière lettre à mon père ne l'a-t-eîle point fait revenir de l'espèce de froid où il est à mon égard ?
C'est moi qui puis me plaindre, et c'est moi qu'on querelle. Je n'ai pas, à la vérité, droit de me plaindre ; mais j'en ai encore moins à être grondé. Car enfin, tout mon crime est d'avoir demandé, en vendémiaire x, une avance qu'on commence à me promettre en ventôse, et puis l'on parle de sensibilité ! 0 lempora ! o mores ! mais dépêchons-nous vite de rire de tout cela, de peur d'être obligé d'en pleurer. Au fait nous avons tort de croire les hommes meilleurs qu'il ne sont, et doublement tort de croire les paroles, nous qui répétons sans cesse qu'il ne faut croire que les actions. C'est qu'une âme vraiment sensible connaît les hommes en général, mais fait souvent, sans s'en douter,
l. Voir îa lettre <}n_25 septembre 1804.