Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/325

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depuis que la générosité de mon père me tient au-dessous de zéro. J'y ai bien fait des découvertes depuis deux mois ; apprête-toi à être endoctrinée ferme, à mon voyage. Ce voyage qui s'approche commence à me faire une peur du diable. Quoi ! quitter ce Paris où je n'ai peines que celles qui me viennent de Grenoble pour aller à Grenoble, cela fait frémir ; aussi je crois que je le pousserai un peu. Le seul chagrin que j'en ai est de ne pas pouvoir t'instruire, au moins par tradi­tion, de ce monde où tu es faite pour être adorée, et où, avec l'adresse d'épouser un homme riche, ou avec la patience de me le laisser devenir, tu peux entrer un jour.

Sais-tu que madame de Baure1 est enchantée de tes lettres ; elle y trouve l'esprit naturel, et c'est tout. Je te dirai, un jour, ce que c'est que l'esprit naturel ; en 'attendant donne-m'en plus d'échan­tillons. Pourquoi ne pas m'écrire plus souvent ? Je n'ai que des choses tristes à dire : tu les candis avec ton âme, elles deviennent charmantes.

Hein ! voilà ce que c'est que d'avoir vu faire des gratins à Claix.

Tâche de lire Delphine et les Mémoires de Saint-Simon. Plais à tous ceux qui ne

1. Sœur de Pierre et Martial Dam,