Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/335

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jamais ! oui, brouillée, il s'agit d'une noir­ceur faite au colin-maillard.

— C'est un jeu très noir, en effet.

— Madame R... et vous, vous êtes réunis pour fabriquer cette lettre ; vous l'avez envoyée à votre sœur ; la petite lui a donné, en la copiant, le charme de la candeur que vos âmes noires ignorent, et vous venez me la lire pour me faire di­vorcer. C'est fort bien à vous ; vous jouez là un beau rôle !

Madame R... est une vieille personne de vingt-deux ans, jolie comme les vierges de Raphaël, pleine d'ebprit et de senti­ments dans ton genre, mais ne t'appro-chant que de loin encore.

Il est parti de là pour publier partout que j'avais une sœur qui avait plus d'es­prit et de grâce qu'il n'en avait jamais vu réunis.

Si jamais tu viens ici dans cette société, ta réputation est faite. Je m'en vais entrer dans quelques détails, parce qu'il est possible que tu te laisses tenter et que tu partes à la réception de ma lettre.

Huit ou neuf jeunes filles s'instruisaient il y a six ans dans une pension presque aussi sublime que celle de mademoiselle Lassaigne. Elles avaient de l'esprit malgré la pension ; cet esprit les réunit ; elles se promirent de se voir étant mariées, quelque