Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/343

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

faire ses passions, lorsqu'on n'a que des passions heureuses. La haine, la vanité, la cruauté, par exemple, sont des passions qui, généralement parlant, donnent plus de malheur que de bonheur. On peut croire le contraire de l'amitié, l'amour, l'amour de la gloire, celui de la patrie, etc. II faut donc faire le premier travail sur soi, ot tâcher de déraciner de son cœur les passions malheureuses ; cela est facile lorsqu'on le veut ; il faut ensuite acquérir les habitudes propres à diminuer autant que possible les inconvénients qui pa­raissent inévitables.

Tu es destinée à passer encore deux ans de ta vie avec des sots. Prends l'habitude de les considérer du côté comique, et cherche à en tirer de bons contes pour faire rire tes amis. Pour toi, étudie l'homme ; vois comment ils sont parvenus avec beaucoup de peine à se rendre aussi sots, ce en quoi les circonstances ont contribué à ce noble dessein, ce qu'ils ont fait eux-mêmes. Cherche le chemin que tu aurais dû tenir, si tu avais été à leur place, pour éviter les habitudes de la tête et du cœur {ou le caractère) qu'ils se sont données.

— « Mais à quoi bon étudier N... ou N... J'abandonne ces gens, à leur triste mé­tier, et dans le clair obscur de leur dédale