Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

née, je vous verrais, je saurais comment est fait votre appartement, à quelle heure vous jouez, quels sont les jours où vous jouez, et toutes ces petites choses char­mantes parce qu'elles vous tiennent d» si près. Au lieu de cela je ne sais rien. Peu à peu il arrivera mille petits événements qui vous paraîtront trop ennuyeux à raconter parce que vous ne m'aurez rien dit des choses précédentes. Vous n'aurez plus rien à me dire, vous ne m'écrirez plus qu'avec ennui, et bientôt vous ne m'écrirez plus du tout. Ainsi tout sera fini, et cette Mélanie tant aimée ne vou­dra plus rien être pour moi et me traitera en étranger. Ah ! mon amie, ce pays m'est insupportable, et quand je devrais perdre quarante futures, il faut que je le quitte.

J'aimais mes parents avant que de vous connaître, je venais toujours vers eux avec un nouveau plaisir. J'oubliais toutes les femmes que j'avais connues auprès des charmantes sœurs que le ciel m'a données. Leur attachement me pa­raît insipide aujourd'hui. Vous m'avez dégoûté de tout, je suis triste partout. Je reçois vos lettres, je suis fou pendant une demi-journée, tout le monde s'aper­çoit du changement de mon humeur. Je les relis vingt fois, je reste appuyé dessus