Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/56

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Voltaire, Molière, Virgile, l'Orlando Fu-rioso, j'oublie le reste du monde. J'entends par monde cette foule d'indifférents qui nous vexent souvent, et non pas mes amis que j'ai toujours présents au fond du cœur. C'est là, ma chère Pauline, que tu es gravée en caractères ineffaçables. Je pense à toi mille fois le jour ; je me fais un plaisir de te revoir grande, belle, instruite, aimable et aimée de tout le monde. C'est cette douce idée qui me rappelle sans cesse Grenoble ; je compte y être dans neuf mois d'ici. Je pourrais bien y aller tout de suite, mon colonel m'a offert un congé ; mais mon devoir me re­tient au régiment.

Tu vois, ma chère, que nous sommes toujours contrariés par quelque chose ; aussi, le meilleur parti que nous ayons à prendre est-il de tâcher de nous accom­moder de notre situation et d'en tirer la plus grande masse de bonheur possible. C'est là la seule vraie philosophie.

Adieu, écris-moi vite.

H. B.