Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/93

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mais il préfère la chasse. Pour Plana, si rien ne le détourne, il sera un grand homme dans dix ans; j'ai le plaisir d'être son ami intime.

Après les hommes de génie, viennent, selon moi, les philosophes pratiques, qui savent trouver le bonheur malgré tous les obstacles ; j'ai le plaisir infini de pou­voir te dire que je crois mon père à la tête de ces hommes-là à Grenoble.

Adieu, ma chère Pauline ; voilà une bien longue lettre ; médite-la et surtout garde-toi de la montrer ; car elle nous ferait des ennemis de tous les Grenoblois et autres sots qui t'entourent. Tu peux lire l'article Gaëtan à Caroline ; persuade-lui, sans avoir l'air de le désirer, que les talents peuvent consoler de l'absence de la beauté et qu'en général, à trente ans, j'aime mieux une femme laide que jolie. La jolie ne l'est plus, et comme elle ne s'est pas instruite, et qu'on l'a toujours flattée, elle est insupportable. La laide, au contraire, a plus d'avantages que jamais, et, si elle a su se garantir de la médisance, est adorée.

Toute la ville de Paris juge en ce moment le procès de la beauté et des talents. Tu peux voir, dans les journaux, qu'on va recevoir au Français ou la belle Mademoiselle George, ou Made-