Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/96

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des faits, c'est la meilleure des vérifica­tions : je te parlerai d'abord de notre compatriote le célèbre Vaucanson, dont tu peux voir un beau buste à la Biblio­thèque. Sa mère, qui était dévote, avait un directeur ; il habitait une cellule à laquelle la salle de l'horloge servait d'an­tichambre ; la mère rendait de fréquentes visites à ce directeur ; son fils l'accompa­gnait jusque dans l'antichambre ; c est là que, seul et désœuvré, il pleurait d'ennui, pendant que sa mère se confes­sait. Cependant, comme on pleure et qu'on s'ennuie toujours le moins qu'on peut, comme dans l'état de désœuvre­ment il n'est point de sensations indiffé­rentes, le jeune Vaucanson, bientôt frappé du mouvement toujours égal du balan­cier, veut en connaître la cause : pour cela, il s'approche de la caisse de l'hor­loge ; il voit à travers les fentes l'engrè-nement des roues, découvre une partie de ce mécanisme, devine le reste, projette une pareille machine, l'exécute avec un couteau et du bois, et fait enfin une hor­loge qui allait. Flatté de ce succès il appliqua de plus en plus son attention à la mécanique, et fit enfin le fameux flûteur. Prie le grand-père de te parler de ce grand homme qu'il a connu. Shakspeare (prononce Chéquspire) était