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COURRIER ANGLAIS

cette comparaison ou de la portée de la philosophie de M. Constant, rien toutefois de moins clair que le style qui, dans son ouvrage, expose ses raisonnements. Nous allons choisir quelques passages parmi les plus clairs, pour l’instruction de nos lecteurs et pour leur épargner la peine de les rechercher eux-mêmes dans cet ouvrage qui pourrait s’intituler l’erreur d’un homme de talent :

1. — Le sentiment religieux est une loi fondamentale de l’homme. Les hordes sauvages, les tribus barbares, les nations qui sont dans la force de l’état social, celles qui languissent dans la décrépitude de la civilisation, toutes éprouvent la puissance de ce sentiment indestructible.

2. — Nous pouvons donc considérer ce sentiment comme universel ne serait-ce qu’une grande erreur ?

Quelques hommes le disent de temps à autre. La peur, l’ignorance, l’autorité, la ruse, telles sont, à les entendre, les premières causes de la religion ; ainsi des causes toutes passagères, extérieures et accidentelles auraient changé la nature intérieure et permanente de l’homme, et lui auraient donné une autre nature, et, chose bizarre, une nature dont il ne peut se défaire, même lorsque ces causes n’existent plus !

Car, c’est en vain que ses connaissances s’étendent, et qu’en lui expliquant les lois