Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/100

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sont mêlés d’autres malheurs (de malheurs de vanité, si votre maîtresse offense votre juste fierté, vos sentiments d’honneur et de dignité personnelle ; de malheurs de santé, d’argent, de persécution politique, etc.), ce n’est qu’en apparence que l’amour est augmenté par ces contretemps ; comme ils occupent à autre chose l’imagination, ils empêchent, dans l’amour espérant, les cristallisations, et, dans l’amour heureux, la naissance des petits doutes. La douceur de l’amour et sa folie reviennent quand ces malheurs ont disparu.

Remarquez que les malheurs favorisent la naissance de l’amour chez les caractères légers ou insensibles ; et qu’après sa naissance, si les malheurs sont antérieurs, ils favorisent l’amour en ce que l’imagination, rebutée des autres circonstances de la vie, qui ne fournissent que des images tristes, se jette tout entière à opérer la cristallisation.