Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/154

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que beaucoup de femmes n’en ont pas assez en petit comité, ou, pour parler plus juste, n’exigent pas que les contes qu’on leur fait soient assez gazés, et ne perdent leurs voiles qu’à mesure du degré d’ivresse et de folie[1].

Serait-ce par un effet de la pudeur et du mortel ennui qu’elle doit imposer à plusieurs femmes, que la plupart d’entre elles n’estiment rien tant dans un homme que l’effronterie ? ou prennent-elles l’effronterie pour du caractère ?

2o Deuxième loi : Mon amant m’en estimera davantage.

3o La force de l’habitude l’emporte même dans les instants les plus passionnés.

4o La pudeur donne des plaisirs bien flatteurs à l’amant ; elle lui fait sentir quelles lois l’on transgresse pour lui ;

5o Et aux femmes des plaisirs plus enivrants ; comme ils font vaincre une habitude puissante, ils jettent plus de trouble dans l’âme. Le comte de Valmont se trouve à minuit dans la chambre à coucher d’une jolie femme, cela lui arrive toutes les semaines, et à elle peut-être une fois tous

  1. Eh ! mon cher Fronsac, il y a vingt bouteilles de champagne entre le conte que tu nous commences et ce que nous disons à cette heure.