Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/218

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de l’amour-passion ; la vanité simule en lui tous les besoins d’un cœur tendre.

Enfin, rien n’ennuie l’amour-goût comme l’amour-passion dans son partner.

Souvent un homme d’esprit en faisant la cour à une femme n’a fait que la faire penser à l’amour, et attendrir son âme. Elle reçoit bien cet homme d’esprit qui lui donne ce plaisir. Il prend des espérances.

Un beau jour cette femme rencontre l’homme qui lui fait sentir ce que l’autre a décrit.

Je ne sais quels sont les effets de la jalousie d’un homme sur le cœur de la femme qu’il aime. De la part d’un amoureux qui ennuie, la jalousie doit inspirer un souverain dégoût qui va même jusqu’à la haine, si le jalousé est plus aimable que le jaloux, car l’on ne veut de la jalousie que de ceux dont on pourrait être jalouse, disait madame de Coulanges.

Si l’on aime le jaloux et qu’il n’ait pas de droits, la jalousie peut choquer cet orgueil féminin si difficile à ménager et à reconnaître. La jalousie peut plaire aux femmes qui ont de la fierté, comme une manière nouvelle de leur montrer leur pouvoir.

La jalousie peut plaire comme une manière nouvelle de prouver l’amour. La jalousie peut choquer la pudeur d’une femme ultra-délicate.