Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/227

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La pique ne peut pas exister dans l’amour-passion, elle est de l’orgueil féminin : « Si je me laisse malmener par mon amant, il me méprisera et ne pourra plus m’aimer » ; ou elle est la jalousie avec toutes ses fureurs.

La jalousie veut la mort de l’objet qu’elle craint. L’homme piqué est bien loin de là, il veut que son ennemi vive et surtout soit témoin de son triomphe.

L’homme piqué verrait avec peine son rival renoncer à la concurrence, car cet homme peut avoir l’insolence de se dire au fond du cœur : si j’eusse continué à m’occuper de cet objet, je l’eusse emporté sur lui.

Dans la pique, on n’est nullement occupé du but apparent, il ne s’agit que de là victoire. C’est ce que l’on voit bien dans les amours des filles de l’Opéra ; si vous éloignez la rivale, la prétendue passion, qui allait jusqu’à se jeter par la fenêtre, tombe à l’instant.

L’amour par pique passe en un moment, au contraire de l’amour-passion. Il suffit que, par une démarche irréfragable, l’antagoniste avoue renoncer à la lutte. J’hésite cependant à avancer cette maxime, je n’en