Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/229

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Deux ans après, un jeune homme très beau lui fait la cour. Encore cette fois, et toujours par la même raison, parce que le prétendant n’était pas noble, les parents de Dona Diana s’opposent violemment à ce mariage ; elle déclare qu’il se fera. Il s’établit une pique d’amour-propre entre la jeune fille et son père. On interdit au jeune homme l’entrée de la maison. On ne conduit plus Dona Diana à la campagne et presque plus à l’église ; on lui ôte avec un soin recherché tous les moyens possibles de rencontrer son amant. Lui se déguise et la voit en secret à de longs intervalles. Elle s’obstine de plus en plus et refuse les partis les plus brillants, même un titre et un grand établissement à la cour de Ferdinand VII. Toute la ville parle des malheurs de ces deux amants et de leur constance héroïque. Enfin, la majorité de Dona Diana approche ; elle fait entendre à son père qu’elle va jouir du droit de disposer d’elle-même. La famille forcée dans ses derniers retranchements, commence les négociations du mariage ; quand il est à moitié conclu, dans une réunion officielle des deux familles, après six années de constance, le jeune homme refuse Dona Diana[1].

  1. Il y a chaque année plusieurs exemples de femmes abandonnées aussi vilainement, et je pardonne la défiance aux femmes honnêtes. — Mirabeau, Lettres à Sophie. L’opinion est sans force dans les pays despotiques : il n’y a de réel que l’amitié du pacha.