Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XXXIX bis

Remèdes à l’amour.


Le saut de Leucade était une belle image dans l’antiquité. En effet, le remède à l’amour est presque impossible. Il faut non seulement le danger qui rappelle fortement l’attention de l’homme au soin de sa propre conservation[1], mais il faut, ce qui est bien plus difficile, la continuité d’un danger piquant, et que l’on puisse éviter par adresse, afin que l’habitude de penser à sa propre conservation ait le temps de naître. Je ne vois guère qu’une tempête de seize jours, comme celle de don Juan[2], ou le naufrage de M. Cochelet parmi les Maures, autrement l’on prend bien vite l’habitude du péril, et même l’on se remet à songer à ce qu’on aime, avec plus de charme encore, quand on est en vedette, à vingt pas de l’ennemi.

Nous l’avons répété sans cesse, l’amour d’un homme qui aime bien jouit ou frémit

  1. Le danger de Henri Morton, dans la Clyde.
    Old Mortality, tome IV, page 224.
  2. Du trop vanté lord Byron.