Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mémoires et romans de cette époque, dans Crébillon, Lauzun, Duclos, Marmontel, Chamfort, Mme d’Épinay, etc., etc.

C’est un tableau où, jusqu’aux ombres, tout doit être couleur de rose, où il ne doit entrer rien de désagréable sous aucun prétexte, et sous peine de manquer d’usage, de bon ton, de délicatesse, etc. Un homme bien né sait d’avance tous les procédés qu’il doit avoir et rencontrer dans les diverses phases de cet amour ; rien n’y étant passion et imprévu, il a souvent plus de délicatesse que l’amour véritable, car il a toujours beaucoup d’esprit ; c’est une froide et jolie miniature comparée à un tableau des Carraches ; et tandis que l’amour-passion nous emporte au travers de tous nos intérêts, l’amour-goût sait toujours s’y conformer. Il est vrai que, si l’on ôte la vanité à ce pauvre amour, il en reste bien peu de chose ; une fois privé de vanité, c’est un convalescent affaibli qui peut à peine se traîner.

3o L’amour-physique.

À la chasse, trouver une belle et fraîche paysanne qui fuit dans le bois. Tout le monde connaît l’amour fondé sur ce genre de plaisirs ; quelque sec et malheureux que soit le caractère, on commence par là à seize ans.

4o L’amour de vanité.