Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/72

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çues dans une soirée le font rêver toute une nuit.

Une répartie imprévue qui me fait voir plus clairement une âme tendre, généreuse, ardente, ou, comme dit le vulgaire, romanesque[1], et mettant au-dessus du bonheur des rois le simple plaisir de se promener seule avec son amant à minuit, dans un bois écarté, me donne aussi à rêver toute une nuit[2].

Il dira que ma maîtresse est une prude ; je dirai que la sienne est une fille.

  1. Toutes ces actions eurent d’abord à mes yeux cet air céleste qui sur le champ fait d’un homme un être à part, le différencie de tous les autres. Je croyais lire dans ses yeux cette soif d’un bonheur plus sublime, cette mélancolie non avouée qui aspire à quelque chose de mieux que ce que nous trouvons ici-bas, et qui, dans toutes les situations où la fortune et les révolutions peuvent placer une âme romanesque,

    . . . Still prompts the celestial sight,
    For which we wish to live, or dare to die.
    (Ultima lettera di Bianca a sua madre. Forli, 1817.)

  2. C’est pour abréger et pouvoir peindre l’intérieur des âmes, que l’auteur rapporte, en employant la formule du je, plusieurs sensations qui lui sont étrangères, il n’avait rien de personnel qui méritât d’être cité.