Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XII

Suite de la cristallisation.


Pourquoi jouit-on avec délices de chaque nouvelle beauté que l’on découvre dans ce qu’on aime ?

C’est que chaque nouvelle beauté nous donne la satisfaction pleine et entière d’un désir. Vous la voulez tendre, elle est tendre ; ensuite vous la voulez fière comme l’Émilie de Corneille, et, quoique ces qualités soient probablement incompatibles, elle paraît à l’instant avec une âme romaine. Voilà la raison morale pour laquelle l’amour est la plus forte des passions. Dans les autres, les désirs doivent s’accommoder aux froides réalités ; ici ce sont les réalités qui s’empressent de se modeler sur les désirs ; c’est donc celle des passions où les désirs violents ont les plus grandes jouissances.

Il y a des conditions générales de bonheur qui étendent leur empire sur toutes les satisfactions de désirs particuliers.

1o Elle semble votre propriété, car c’est vous seul qui pouvez la rendre heureuse.