senter l’image fidèle ; ce tableau ressemblant ferait horreur.
Mais on peut espérer qu’un homme supérieur détournera ses pas de cette route fatale, car il y a une contradiction au fond du caractère de don Juan. Je lui ai supposé beaucoup d’esprit, et beaucoup d’esprit conduit à la découverte de la vertu par le chemin du temple de la gloire[1].
La Rochefoucauld qui s’entendait pourtant en amour-propre, et qui dans la vie réelle n’était rien moins qu’un nigaud d’homme de lettres[2], dit (267) : « Le plaisir de l’amour est d’aimer, et l’on est plus heureux par la passion que l’on a, que par celle que l’on inspire. »
Le bonheur de don Juan n’est que de la vanité basée, il est vrai, sur des circonstances amenées par beaucoup d’esprit et d’activité ; mais il doit sentir que le moindre général qui gagne une bataille, que le moindre préfet qui contient un département, a une jouissance plus remarquable que la sienne ; tandis que le bonheur du duc de Nemours quand madame de Clèves lui dit qu’elle l’aime est, je crois, au-dessus du bonheur de Napoléon à Marengo.