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Page:Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau.djvu/363

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DE L’AMOUR

que vous avez rencontrée l’été dernier aux eaux d’Aix-en-Savoie, et dont je vous ai promis l’histoire ; car dans toute cette comédie, très plate d’ailleurs, il n’y a jamais eu l’ombre d’amour c’est-à-dire de rêverie passionnée, s’exagérant le bonheur de l’intimité.

N’allez pas croire à cause de cela que je n’ai pas compris votre livre ; je m’en prends seulement à un mot mal fait.

Dans toutes les espèces du genre amour, il devrait y avoir quelque caractère commun : le caractère du genre est proprement le désir de l’intimité parfaite. Or, dans l’amour-vanité, ce caractère n’existe pas.

Lorsqu’on est habitué à l’exactitude irréprochable du langage des sciences physiques, on est facilement choqué par l’imperfection du langage des sciences métaphysiques.

Madame Félicie Féline est une jeune Française de vingt-cinq ans, qui a des terres superbes et un château délicieux en Bourgogne. Quant à elle, elle est, comme vous savez, laide, mais assez bien faite (tempérament nerveux-lymphatique). Elle est à mille lieues d’être bête, mais, certes, elle n’a pas d’esprit ; de sa vie elle ne trouva une idée forte ou piquante. Comme elle a été élevée par une mère spirituelle et dans une société fort distinguée, elle a