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Page:Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau.djvu/372

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Pour l’attendrir en sa faveur, elle lui parlait de l’amour qu’elle avait pour son mari, et de son chagrin de l’y voir répondre si peu.

Cette musique n’amusait pas Weilberg ; il l’écoutait par simple politesse. Elle se crut plus avancée ; elle lui parla de la sympathie qui existait entre eux. Gustave prit son chapeau et alla se promener.

Quand il rentra elle se fâcha contre lui : elle lui dit qu’il l’avait injuriée en regardant comme un commencement de déclaration une simple parole de bienveillance.

La nuit, quand ils la passaient en voiture, elle appuyait sa tête sur l’épaule de Gustave, qui le souffrait par politesse.

Ils voyagèrent ainsi deux mois, mangeant beaucoup d’argent, s’ennuyant plus encore.

Quand ils furent de retour, Félicie changea toutes ses habitudes. Si elle avait pu envoyer des lettres de faire part, elle eût fait savoir à tous ses amis et connaissances qu’elle avait une passion violente pour M. Weilberg le Suédois, et que M. Weilberg était son amant.

Plus de bals, plus de toilettes : elle néglige ses anciens amis, fait des impertinences à ses anciennes connaissances. Enfin elle se condamne au sacrifice de tous ses goûts, pour faire croire qu’elle aime profondément ce M. Weilberg, cet espèce de