Page:Stendhal - Journal, t1, 1923, éd. Debraye et Royer.djvu/18

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âme aimée de l’auteur, « par un être tel que Madame Roland ou M. Gros, le géomètre »[1].

Quelle que soit la sincérité de l’un et de l’autre ouvrage, ils n’ont ni le charme de primesaut ni surtout la valeur documentaire du Journal. Le Journal de Stendhal est une source de premier ordre pour l’histoire de la vie d’Henri Beyle, source d’autant plus importante qu’elle se réfère à la partie la plus intéressante, pour l’historien, de la vie du maître, l’époque de sa formation littéraire, l’époque aussi la plus agitée et la plus remplie de sa vie administrative et de sa vie sentimentale.

Nous possédons les réflexions intimes d’Henri Beyle depuis sa dix-huitième année jusqu’à la trente-cinquième, depuis l’époque où, jeune sous-lieutenant spleenétique et malade, il parcourait l’Italie du Nord, jusqu’à l’année qui suit la publication du premier livre signé de Stendhal : Rome, Naples et Florence.

Dans ce journal non pas sans souci (ni même, souvent, sans soucis), mais du moins sans autre prétention que celle de se comprendre lui-même, de se façonner le caractère et la sensibilité, nous avons tout le Stendhal de la formation sentimentale et littéraire. Nous y trouvons, au hasard des cahiers, beaucoup d’orgueil, et du plus noble (un Stendhal pouvait, et devait, en avoir), quelque vanité par-

  1. Souvenirs d’Égotisme, pages 1-2.