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Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/100

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journal de stendhal

une physionomie gaie, animée et agréable autant que mes traits me le permettent, je n’ai pas fait de gaucherie mais pas dit, à elle, la moindre chose au-dessus du plus vulgaire discourir.

Elle m’a appelé une fois pour me dire : « Madame  de Saint-R… permet que vous alliez demain chez elle, elle reçoit. » Mme de Saint-R… m’a fait son invitation avec sa bonhomie ordinaire ; demi-heure après, Mme Robert étant à jouer, a dit qu’elle allait voir demain a country seat*.

« Et cela vous tiendra tout le jour ?

— Oui, mais le soir j’irai chez Mme de Saint-Re… Vous viendrez. »

Ce mais me semble de l’amour, ou il faut renoncer à comprendre quelque chose dans ce genre.

Actuellement, bien raisonnablement et sans nul enthousiasme il faut oser, ou on se lassera d’aimer un niais.

« Vous n’êtes pas venu me voir hier, Avez-vous de nouveaux petits cachets[1] ? Souffrez-vous de la main ? »

Comme je la regardais jouer :

« Asseyez-vous. »

Cela ne signifie rien écrit, mais le ton était aussi plein d’intérêt que le permettait un salon rempli de trente personnes. Ce qui seul prouverait de l’attachement, c’est la continuelle occupation où elle était

  1. Voilà un trait marquant : être ensuite deux jours sans vouloir faire attention aux nouveaux quand ils sont venus.