Aller au contenu

Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1809 — 12 avril.
7
allemagne

étions sur celle d’Ulm, Florian, Jacq[uemino]t, Richard*, Mme Jacquem[ino]t, et deux ou trois camarades. D’ennemis que nous étions, vu la rareté des chevaux, nous devînmes amis, déjeunâmes ensemble dans une jolie auberge (jolie pour l’Allemagne : une chambre bien éclairée, sans papier et sans meubles), à trente pas du Neckar encore enfant. Nous avions trouvé la chaleur dans sa vallée. Le ciel était superbe ; peu à peu je vis un orage se former au nord, à notre gauche. Ensuite, pluie et froid jusqu’à Ulm, où nous arrivâmes à neuf heures, moi bien ennuyé, ayant lu jusqu’à sept heures et demie, fini la Vie d’Alfieri et les cent pages de Moore sur la cour de Vienne*.

J’avais fait une lieue à pied avec Flor[ian], M. Jacq[ueminot] et sa femme. Nous avions monté un passage dans le genre de celui des Échelles : une montée, à côté du torrent, paysage sévère sans rien de grand*, pluie froide, analogue au paysage. Je suis très occupé, en montant, de considérations morales et de sentiments vaniteux.

J’arrive à Ulm enrhumé. Nous montons chez le camarade Fray*, bon enfant (le ton du moins), la croix, honnête homme ; il était avec sa femme, que j’ai vue à Paris. Elle parle beaucoup, et cet excès n’est pas caché* par de la jeunesse ou de la beauté, au contraire.