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journal de stendhal

Joinville. M. D[aru] n’arriva que deux heures après et fut content de son logement. Il demanda ce que nous avions à souper, je répondis : « Des pommes de terre et un demi-veau. » Il rit beaucoup de demi-veau. Je crois que c’était de moi me servant d’une expression impropre, mais qu’aussi il commençait à sentir que c’était exprès. Rien ne me semble plat comme le langage des livres dans la conversation. Richard, un de nos camarades, est de là [sic], et me scie toute la journée.

Le soir, nous eûmes donc des pommes de terre frites excellentes, du veau à peu près cuit et en grande quantité, d’excellente bière, et M. D[aru] fort gai, mais de cette gaieté qui ne paraît que de la demi-gaieté.

Après ce bon souper, j’eus une bonne petite nuit sur un bon lit de paille. J’y fus de dix à trois heures du matin, que nous partîmes. Nous trouvâmes Desermet et Duplan* débouchant de Pfeffenhausen et arrivant la nuit même de Ingolstadt.

Le chemin de Pfeffenhausen* à Landshut est fort beau et assez pittoresque. Nous ne vîmes de cadavres que près de Landshut, mais nous aperçûmes beaucoup de casquettes dans les champs, notamment dans un petit champ carré.

La porte de Landshut est criblée de balles, la brique a été entamée d’un pied, et même de deux, dans quelques endroits. On traverse l’Isar, qui ressemble assez à l’Isère, mais est un peu plus consi-