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Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/60

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journal de stendhal

terre pour entrer dans la cour du Leopoldsberg ; elle descendit dans mes bras. Cela me fit assez de plaisir. Mon grand tort est de n’avoir pas pris au commencement ce ton galant qui permet de tout hasarder, parce que rien n’a l’air d’être dit sérieusement. Je ne le sus pas du tout. Il n’y a pas loin d’un propos galant au ton du sentiment. Elle avait froid et des joues rouges. Cela appelait un compliment bien naturel ; j’en vis la place, et ne le fis pas.

Après avoir passé un moment à Leopoldsberg, nous galopâmes au Kahlenberg. Arrivés, nous cherchons la vue, nous arrivons à deux pavillons qui paraissaient se terminer en terrasse. Son esprit entreprenant la porte à vouloir monter sur ces terrasses. Il se trouve qu’on n’y allait que par la plus mauvaise des échelles, parvenant au plus étroit des trous. Nous grimpons : « Passez premier. » De là, par une espèce de chatière, rampant à quatre pattes, nous arrivons à l’endroit où aurait dû se trouver la terrasse, mais où il n’y avait en effet que deux toits de sandols (terme des Échelles*) ; ces toits étaient fort glissants ; au moyen d’une petite échelle, nous arrivons à la balustrade, elle en fait le tour en dedans avec un courage charmant. Je passe le premier par le trou du toit. — « Je veux y passer comme ça, » elle s’y glisse la tête la première, je voulais descendre le premier par l’échelle : « Non, non ; je veux passer la première ; c’est bien assez de votre cocher. » Je m’occupais trop de sa sûreté et