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Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/89

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1810 — 17 avril.
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paris

d’ui, par exemple, je dîne chez Beauvilliers* à six heures. Charmante petite fille allemande. Le plus ou moins de finesse qu’on met à satisfaire les besoins de l’amour-propre, besoins aussi nécessaires que celui de boire et de manger, indique la classe à laquelle appartient l’individu. C’est l’idée que fait naître chez moi le père de la petite fille. Je prends ensuite une demi-tasse de café au café de Foy, de là je vais au cabinet de Brigitte*, où je lis avec plaisir la Bibliothèque Britannique jusqu’à huit heures et demie. Je reviens par un beau clair de lune, mais Kamenski n’y était pas. Ça me donne presque de l’humeur, je vais le chercher, et ensuite un cabriolet unique par son exécrabilité. Tout cela cependant me donne le genre un peu étonné chez Mme Nardot, mais je pense que ma physionomie un peu trop mâle l’aura caché. Mme D[aru] me plaisante sur ma solitude d’hier, elle m’engage à l’accompagner à Longchamp. Je ne réponds pas grand’chose à tout ça. Pacé a l’air un peu sostenuto* avec moi. Je rentre, et écris ceci à minuit et quart, par conséquent le premier jour de Longchamp. Au total, je crois que j’aime un peu la comtesse Palfy.

Il paraît que Mme Doligny* est très bien disposée pour moi. En revanche, les divines beautés m ennuient toujours à la mort. Félix a un caractère malheureux qui lui montre toujours le côté désagréable des choses, le ridicule qu’il faut encourir, et il le craint comme tous les diables. D’ailleurs, il