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Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/91

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1810 — 18 avril.
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paris

j’avais de l’humeur. Pour changer ma disposition, je vais voir Laguette*, qui ne dit pas grand’chose, mais enfin en parlant je me distrais. Je m’habille et vais voir Mme Doligny, je suis bien, elle fort bien pour moi, de là chez Mme de Longueville ; je suis moins bien parce que je lui crois moins d’esprit. Après tout cela, je vais chez Mme…* ; on me dit qu’elle a dit de ne laisser monter que son c[ous]in G. Ça me pique un peu, mais non pas d’amour-propre ; c’était plutôt le premier des deux. Je vais tout seul à Longchamp. Je trouve Faure à la grille, mon humeur cesse. Je vais à quatre heures chez Mme Es. J’y trouve M. de Crouy, chambellan*, physique un peu dans le genre de Brice, mais moins socratique, moins marqué. Mme P. arrive, nous montons en voiture ; en en descendant, à l’entrée des Champs-Elysées, je lui donne le bras. Cela me fait plus de plaisir que ça ne vaut. Je commence à être bien ; cela alla toujours de plus fort en plus fort et ça finit par être presque aimable, — tout à fait aimable, je crois*, — dînant en tête-à-tête avec elle et M. Z, je compte Ma. pour rien. Elle fut très bien avec moi (in the middle of the walk a glance of love*) et, en la quittant, à huit heures, elle me rappelle pour m’engager à aller à Longchamp vendredi avec elle, «  mais si ça ne vous gêne point, » et cela avec un ton qu’elle n’avait jamais eu avec moi : plus de supériorité, le ton but à but de deux personnes qui commencent à s’aimer, suite de la con-