Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/177

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parmi les sujets de Sa Majesté Impériale et Royale ? Remarquez encore, messieurs, que si le jeune del Dongo parvient à se justifier sur ce point, il restera coupable d’avoir passé à l’étranger sans passe-port régulièrement délivré, et de plus en prenant un faux nom et faisant usage sciemment d’un passe-port régulièrement délivré à un simple ouvrier, c’est-à-dire à un individu d’une classe tellement au-dessous de celle à laquelle il appartient.

Cette déclaration, cruellement raisonnable, était accompagnée de toutes les marques de déférence et de respect que le chef de la police devait la haute position de la marquise del Dongo et à celle des personnages importants qui venaient s’entremettre pour elle.

La marquise fut au désespoir quand elle apprit la réponse du baron Binder.

— Fabrice va être arrêté, s’écria-t-elle en pleurant, et une fois en prison, Dieu sait quand il en sortira ; Son père le reniera !

Madame Pietranera et sa belle-sœur tinrent conseil avec deux ou trois amis intimes, et, quoi qu’ils pussent dire, la marquise voulut absolument faire partir son fils dès la nuit suivante.

— Mais tu vois bien, lui disait la comtesse, que le baron Binder sait que ton fils