Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/20

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tembre ces soixante-douze pages à la gloire de la Chartreuse qui demeureront un des plus magnifiques témoignages rendus de son vivant à un homme de génie par un de ses pairs : « La Chartreuse de Parme est dans notre époque et jusqu’à présent, à nos yeux, le chef-d’œuvre de la littérature d’idées… M. Beyle a fait un livre où le sublime éclate de chapitre en chapitre. Il a produit à l’âge où les hommes trouvent rarement des sujets grandioses et après avoir écrit une vingtaine de volumes extrêmement spirituels, une œuvre qui ne peut être appréciée que par les âmes et par les gens vraiment supérieurs. Enfin il a écrit le Prince moderne, le roman que Machiavel écrirait s’il vivait banni de l’Italie au XIXe siècle… M. Beyle est un des hommes supérieurs de notre temps ; il est difficile d’expliquer comment cet observateur du premier ordre, ce profond diplomate qui, soit par ses écrits, soit par sa parole a donné tant de preuves de l’élévation de ses idées et de l’étendue de ses connaissances pratiques, se trouve seulement Consul à Cività-Vecchia. Nul ne serait plus à portée de servir la France à Rome. »

Stendhal ayant lu ces éloges eut la tête bouleversée de bonheur. Il répondit aussitôt par une lettre qui ne nécessita pas moins de trois brouillons. On y déchiffre des phrases de réelle modestie et de confusion : « Cet