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Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/237

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La duchesse était sensible à la gloire ; elle ne voulait pas que Fabrice fût un simple mangeur d’argent ; elle revint au plan de son amant.

— Remarquez, lui disait le comte, que je ne prétends pas faire de Fabrice un prêtre exemplaire comme vous en voyez tant. Non c’est un grand seigneur avant tout ; il pourra rester parfaitement ignorant si bon lui semble, et n’en deviendra pas moins évêque et archevêque, si le prince continue à me regarder comme un homme utile.

Si vos ordres daignent changer ma proposition en décret immuable, ajouta le comte, il ne faut point que Parme voie notre protégé dans une petite fortune. La sienne choquera, si on l’a vu ici simple prêtre ; il ne doit paraître à Parme qu’avec les bas violets[1] ! et dans un équipage convenable. Tout le monde alors devinera que votre neveu doit être évêque, et personne ne sera choqué.

Si vous m’en croyez, vous enverrez Fabrice faire sa théologie, et passer trois années à Naples. Pendant les vacances de l’Académie ecclésiastique, il ira, s’il

  1. En Italie, les jeunes gens protégés ou savants deviennent monsignore et prélat, ce qui ne veut pas dire évêque ; on porte alors des bas violets. On ne fait pas de vœux pour être monsignore, on peut quitter les bas violets et se marier.