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Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/309

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ner vers Fabrice. Celui-ci le laissait faire, immobile et silencieux. L’abbé se jeta dans ses bras à diverses reprises ; il le serra avec une extrême tendresse. Après quoi il reprit avec toute sa gaieté d’autrefois : Tâche de t’arranger au milieu de mes instruments pour dormir un peu commodément, prends mes pelisses ; tu en trouveras plusieurs de grand prix que la duchesse Sanseverina me fit parvenir il y a quatre ans. Elle me demanda une prédiction sur ton compte, que je me gardai bien de lui envoyer, tout en gardant ses pelisses et son beau quart de cercle. Toute annonce de l’avenir est une infraction à la règle, et à ce danger qu’elle peut changer l’événement, auquel cas toute la science tombe par terre comme un véritable jeu d’enfant ; et d’ailleurs il y avait des choses dures à dire à cette duchesse toujours si jolie. À propos, ne sois point effrayé dans ton sommeil par les cloches qui vont faire un tapage effroyable à côté de ton oreille, lorsque l’on va sonner la messe de sept heures ; plus tard, à l’étage inférieur, ils vont mettre en branle le gros bourdon qui secoue tous mes instruments. C’est aujourd’hui saint Giovita, martyr et soldat. Tu sais, le petit village de Grianta a le même patron que la grande ville de Brescia, ce qui, par parenthèse trompa