Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ans accomplis, son coadjuteur avec future succession.

Ce mot m’a effrayé, je l’avoue, dit le comte ; c’est aller un peu bien vite, et je craignais une boutade d’humeur chez le prince. Mais il m’a regardé en riant et m’a dit en français : Ce sont là de vos coups, monsieur !

— Je puis faire serment devant Dieu et devant Votre Altesse, me suis-je écrié avec toute l’onction possible, que j’ignorais parfaitement le mot de future succession. Alors j’ai dit la vérité, ce que nous répétions ici même il y a quelques heures ; j’ai ajouté, avec entraînement, que, par la suite, je me serais regardé comme comblé des faveurs de Son Altesse, si elle daignait m’accorder un petit évêché pour commencer. Il faut que le prince m’ait cru, car il a jugé à propos de faire le gracieux ; il m’a dit, avec toute la simplicité possible : Ceci est une affaire officielle entre l’archevêque et moi, vous n’y entrez pour rien ; le bonhomme m’adresse une sorte de rapport fort long et passablement ennuyeux, à la suite duquel il arrive à une proposition officielle ; je lui ai répondu très-froidement que le sujet était bien jeune, et surtout bien nouveau dans ma cour ; que j’aurais presque l’air de payer une lettre de change tirée sur moi par l’Empereur, en donnant