Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/382

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voiture, et nos amis sortirent de la maison pour n’y plus rentrer. Le lecteur trouve bien longs, sans doute, les récits de toutes ces démarches que rend nécessaire l’absence d’un passe-port : ce genre de préoccupation n’existe plus en France ; mais en Italie, et surtout aux environs du Pô, tout le monde parle passe-port. Une fois sorti de Ferrare sans encombre, comme pour faire une promenade, Ludovic renvoya le fiacre, puis il rentra dans la ville par une autre porte, et revint prendre Fabrice avec une sediola qu’il avait louée pour faire douze lieues. Arrivés près de Bologne, nos amis se firent conduire à travers champs sur la route qui de Florence conduit à Bologne ; ils passèrent la nuit dans la plus misérable auberge qu’ils purent découvrir, et, le lendemain, Fabrice se sentant la force de marcher un peu, ils entrèrent à Bologne comme des promeneurs. On avait brûlé le passe-port de Giletti ; la mort du comédien devait être connue, et il y avait moins de péril à être arrêtés comme gens sans passe-ports que comme porteurs du passe-port d’un homme tué.

Ludovic connaissait à Bologne deux ou trois domestiques de grandes maisons ; il fut convenu qu’il irait prendre langue auprès d’eux. Il leur dit que, venant de