Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/255

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m’a-t-elle pas répété a diverses reprises que la faction Raversi l’emporte ? on veut lier le prince par une cruauté qui le sépare à jamais du comte Mosca. La duchesse, fondant en larmes, m’a juré qu’il ne reste que cette ressource ; vous périssez si vous ne tentez rien. Je ne puis plus vous regarder, j’en ai fait le vœu ; mais si dimanche, vers le soir, vous me voyez entièrement vêtue de noir, à la fenêtre accoutumée, ce sera le signal que la nuit suivante tout sera disposé autant qu’il est possible à mes faibles moyens. Après onze heures, peut-être seulement à minuit ou une heure, une petite lampe paraîtra à ma fenêtre, ce sera l’instant décisif ; recommandez-vous à votre saint patron, prenez en hâte les habits de prêtre dont vous êtes pourvu, et marchez.

« Adieu, Fabrice, je serai en prière, et répandant les larmes les plus amères, vous pouvez le croire, pendant que vous courrez de si grands dangers. Si vous périssez, je ne vous survivrai point ; grand Dieu ! qu’est-ce que je dis ? mais si vous réussissez, je ne vous reverrai jamais. Dimanche, après la messe, vous trouverez dans votre prison l’argent, les poisons, les cordes, envoyés par cette femme terrible qui vous aime avec