Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/271

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de francs ; eh bien ! non ; je vous connais, vous êtes un poëte, vous auriez bientôt mangé cet argent. Je vous donne la petite terre de la Ricciarda, à une lieue de Casal-Maggiore. Ludovic se jeta à ses pieds fou de joie, et protestant avec l’accent du cœur que ce n’était point pour gagner de l’argent qu’il avait contribué à sauver monsignore Fabrice ; qu’il l’avait toujours aimé d’une affection particulière depuis qu’il avait eu l’honneur de le conduire une fois en sa qualité de troisième cocher de madame. Quand cet homme, qui réellement avait du cœur, crut avoir assez occupé de lui une aussi grande dame, il prit congé ; mais elle, avec des yeux étincelants, lui dit :

— Restez.

Elle se promenait sans mot dire dans cette chambre de cabaret, regardant de temps à autre Ludovic avec des yeux incroyables. Enfin cet homme, voyant que cette étrange promenade ne prenait point de fin, crut devoir adresser la parole à sa maîtresse.

— Madame m’a fait un don tellement exagéré, tellement au-dessus de tout ce qu’un pauvre homme tel que moi pouvait s’imaginer, tellement supérieur surtout aux faibles services que j’ai eu l’honneur de rendre, que je crois en conscience ne