Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pris de l’argent pour son émeute ! dit le comte, un peu stupéfait ; et vous me racontez tout cela dans la salle des gardes !

— C’est que je suis pressée, et voici le Rassi sur les traces du crime. Il est bien vrai que je n’ai jamais parlé d’insurrection, car j’abhorre les jacobins. Réfléchissez là-dessus, et dites-moi votre avis après la pièce.

— Je vous dirai tout de suite qu’il faut inspirer de l’amour au prince… Mais en tout bien tout honneur, au moins !

On appelait la duchesse pour son entrée en scène, elle s’enfuit.

Quelque jours après, la duchesse reçut par la poste une grande lettre ridicule, signée du nom d’une ancienne femme de chambre à elle ; cette femme demandait à être employée à la cour, mais la duchesse avait reconnu du premier coup d’œil que ce n’était ni son écriture ni son style. En ouvrant la feuille pour lire la seconde page, la duchesse vit tomber à ses pieds une petite image miraculeuse de la Madone, pliée dans une feuille imprimée d’un vieux livre. Après avoir jeté un coup d’œil sur l’image, la duchesse lut quelques lignes de la vieille feuille imprimée. Ses yeux brillèrent, et elle y trouvait ces mots :

« Le tribun a pris cent francs par mois,