Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/340

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tout ; mais Votre Altesse ne pourra plus annoncer une promenade deux heures à l’avance. Je ne parlerai ni à la princesse, ni au comte du cri de douleur qui vient de vous échapper ; mais, comme d’après mon serment je ne dois avoir aucun secret pour la princesse, je serais heureuse si Votre Altesse voulait dire à sa mère les mêmes choses qui lui sont échappées avec moi.

Cette idée fit diversion à la douleur d’acteur chuté qui accablait le souverain.

— Eh bien ? allez avertir ma mère, je me rends dans son grand cabinet.

Le prince quitta les coulisses, traversa le salon par lequel on arrivait au théâtre, renvoya d’un air dur le grand chambellan et l’aide de camp de service qui le suivaient ; de son côté la princesse quitta précipitamment le spectacle ; arrivée dans le grand cabinet, la grande maîtresse fit une profonde révérence à la mère et au fils, et les laissa seuls. On peut juger de l’agitation de la cour, ce sont là les choses qui la rendent si amusante. Au bout d’une heure le prince lui-même se présenta à la porte du cabinet et appela la duchesse ; la princesse était en larmes, son fils avait une physionomie tout altérée.

Voici des gens faibles qui ont de l’humeur, se dit la grande maîtresse, et qui