Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/343

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la princesse avec humeur ; vous ne voulez pas que l’on punisse les assassins de mon mari !

— C’est qu’apparemment, madame, je suis liée à eux par une tendre amitié.

La duchesse voyait dans les yeux du prince qu’il la croyait parfaitement d’accord avec sa mère pour lui dicter un plan de conduite. Il y eut entre les deux femmes une succession assez rapide d’aigres reparties, à la suite desquelles la duchesse protesta qu’elle ne dirait plus une seule parole, et elle fut fidèle à sa résolution ; mais le prince, après une longue discussion avec sa mère, lui ordonna de nouveau de dire son avis.

— C’est ce que je jure à Vos Altesses de ne point faire !

— Mais c’est un véritable enfantillage ! s’écria le prince.

— Je vous prie de parler, madame la duchesse, dit la princesse d’un air digne.

— C’est ce dont je vous supplie de me dispenser, madame ; mais Votre Altesse, ajouta la duchesse en s’adressant au prince, lit parfaitement le français ; pour calmer nos esprits agités, voudrait-elle nous lire une fable de La Fontaine ?

La princesse trouva ce nous fort insolent, mais elle eut l’air à la fois étonné et amusé, quand la grande maîtresse, qui était allée