Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/365

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d’un air hautain vers la petite porte de la tour ; cette porte était ouverte, et l’on venait seulement de placer huit soldats dans la pièce aux colonnes du rez-de-chaussée. Elle regarda hardiment ces soldats ; Clélia comptait adresser la parole au sergent qui devait les commander : cet homme était absent. Clélia s’élança sur le petit escalier de fer qui tournait en spirale autour d’une colonne ; les soldats la regardèrent d’un air fort ébahi, mais, apparemment à cause de son châle de dentelle et de son chapeau, n’osèrent rien lui dire. Au premier étage il n’y avait personne ; mais, en arrivant au second, à l’entrée du corridor qui, si le lecteur s’en souvient, était fermé par trois portes en barreaux de fer et conduisait à la chambre de Fabrice, elle trouva un guichetier à elle inconnu, et qui lui dit d’un air effaré :

— Il n’a pas encore dîné.

— Je le sais bien, dit Clélia avec hauteur. Cet homme n’osa l’arrêter. Vingt pas plus loin, Clélia trouva assis sur la première des six marches en bois qui conduisaient à la chambre de Fabrice un autre guichetier fort âgé et fort rouge qui lui dit résolûment :

— Mademoiselle, avez-vous un ordre du gouverneur ?

— Est-ce que vous ne me connaissez pas ?