Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/381

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faites coadjuteur et futur archevêque, je me déshonore et je suis à vous.

Votre Altesse s’engage à mettre approuvé en marge d’une demande que monseigneur l’archevêque vous présentera d’ici à huit jours.

— Je vous signe un papier en blanc, régnez sur moi et sur mes états, s’écria le prince rougissant de bonheur et réellement hors de lui. Il exigea un second serment. Il était tellement ému, qu’il en oubliait la timidité qui lui était si naturelle, et, dans cette chapelle du palais où ils étaient seuls, il dit à voix basse à la duchesse des choses qui, dites trois jours auparavant, auraient changé l’opinion qu’elle avait de lui. Mais chez elle le désespoir que lui causait le danger de Fabrice avait fait place à l’horreur de la promesse qu’on lui avait arrachée.

La duchesse était bouleversée de ce qu’elle venait de faire. Si elle ne sentait pas encore toute l’affreuse amertume du mot prononcé, c’est que son attention était occupée à savoir si le général Fontana pourrait arriver à temps à la citadelle.

Pour se délivrer des propos follement tendres de cet enfant et changer un peu le discours, elle loua un tableau célèbre du Parmesan, qui était au maître-autel de cette chapelle.