Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/439

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occupées par les jeunes gens à la mode et par les personnages de la plus haute distinction.

Quelques phrases d’excuse commencèrent son sermon et furent reçues avec des cris comprimés d’admiration. Ensuite vint la description passionnée du malheureux dont il faut avoir pitié pour honorer dignement la Madone de Pitié, qui, elle-même, a tant souffert sur la terre. L’orateur était fort ému ; il y avait des moments où il pouvait à peine prononcer les mots de façon à être entendu dans toutes les parties de cette petite église. Aux yeux de toutes les femmes et de bon nombre des hommes, il avait l’air lui-même du malheureux dont il fallait prendre pitié, tant sa pâleur était extrême. Quelques minutes après les phrases d’excuses par lesquelles il avait commencé son discours, on s’aperçut qu’il était hors de son assiette ordinaire ; on le trouvait ce soir-là d’une tristesse plus profonde et plus tendre que de coutume. Une fois on lui vit les larmes aux yeux : à l’instant il s’éleva dans l’auditoire un sanglot général et si bruyant, que le sermon en fut tout à fait interrompu.

Cette première interruption fut suivie de dix autres ; on poussait des cris d’admiration, il y avait des éclats de larmes ; on entendait à chaque instant des cris